✋ Non, la violence n’est pas un jeu
- Elie
- 1 oct.
- 3 min de lecture
Dans notre école, nous avons fait un choix clair : aucune forme de violence, même simulée, ne peut être tolérée. Cela surprend parfois, suscite des questions, voire des débats. Pourtant, ce positionnement n’est pas arbitraire : il est le fruit d’une réflexion profonde, nourrie par la pédagogie, les neurosciences et notre expérience du terrain.
"C’est pour jouer"… vraiment ?
Faire semblant de tirer sur un camarade avec la main en guise de pistolet, se battre avec des bouts de bois transformés en sabres, jouer à la guerre dans la cour ou crier "t’es mort !" dans un jeu… Ces comportements, encore largement banalisés dans l’espace public ou dans certaines cours d’école, sont systématiquement recadrés chez nous.
Pourquoi ? Parce que la violence, même déguisée en jeu, reste de la violence.
Les enfants n’ont pas encore le recul ni la maturité émotionnelle pour distinguer ce qui relève du "jeu symbolique" sain, et ce qui entretient des réflexes agressifs ou des représentations anxiogènes. Plus un enfant est exposé à la violence — réelle ou fictive — plus son cerveau s’y habitue. Et ce, dès le plus jeune âge.
Ce que nous dit la recherche
Les travaux de la psychologue américaine Catherine Garvey, spécialiste du jeu chez l’enfant, montrent que les jeux symboliques ont un rôle majeur dans le développement cognitif et émotionnel… mais à condition qu’ils soient constructifs. Lorsqu’un jeu s’appuie sur l’affrontement, l’élimination ou la domination de l’autre, il fragilise le sentiment de sécurité, réactive parfois des traumatismes (notamment chez les enfants neuroatypiques ou ayant connu des violences) et banalise des comportements inacceptables dans la vie réelle.
De nombreuses études sur l’éducation à la paix, notamment celles menées par l’UNESCO, insistent également sur l’importance d’un environnement scolaire sans représentations violentes pour prévenir les violences à l’adolescence et à l’âge adulte.
Protéger l’imaginaire… sans violence
Cela ne veut pas dire que nous interdisons le jeu symbolique ! Les enfants ont besoin de jouer, de créer des univers, d’explorer des rôles. Mais nous les encourageons à le faire sans armes, sans scénarios guerriers, sans menaces.
Un enfant peut être explorateur, soigneur, bâtisseur, magicien·ne, aventurier·ère… Les possibilités sont infinies ! Nous les accompagnons dans cette démarche, en leur proposant des supports de jeu riches et variés qui stimulent l’imaginaire sans nourrir l’agressivité.
Nous les aidons aussi à mettre des mots sur leurs émotions, à poser des limites claires dans le jeu, à coopérer plutôt qu’à s’affronter. C’est ainsi que l’on construit des adultes capables d’agir avec discernement, empathie et responsabilité.
Grandir dans un cadre clair
Chez Hêtre et Devenir, nous ne laissons pas passer les phrases du type :
"Je vais te tuer !"
"T’es mort !"
"J’te frapper !"
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